L'école ronde fut bâtie à la place d'un bâtiment qui faisait l'angle nord-est de la ferme de Vaurichard, aujourd'hui occupée par la mairie.

Créée en 1950 par l'ingénieur LAFFAILLE et l'architecte CAMELOT (Prix de Rome 1933), sa particularité est son plafond suspendu, constitué de dalles de béton placées en arc de cercle dans le sens vertical et se bloquant les unes les autres. Le tout a donc une forme générale d'entonnoir ; les eaux de pluie sont recueillies au centre et évacuées par un tuyau central qui traverse le bâtiment dans le sens vertical, entre les poteaux extérieurs.

Ce type de construction ayant donné toute satisfaction, d'autres bâtiments ont été construits sur le même modèle, dont le CNIT à Paris, où cette technique a permis de créer un vaste hall d'exposition sans poteaux intérieurs.

  • ecole_ronde5
  • ecole_ronde4
  • ecole_ronde2
  • ecole_ronde3
  • ecole_ronde6
  • ecole_ronde7
  • ecole_ronde1

La construction comprenait à l'origine une salle de classe et le logement de l'instituteur, ainsi qu'un préau et un garage (transformés plus tard en salles de classe).

Cette école a remplacé celle qui se trouvait auparavant dans le bâtiment face à l'église qui accueillait la mairie, avant que celle-ci ne déménage dans la ferme de Vaurichard.

La ville devenant de plus en plus peuplée, l'espace offert par l'école ronde est devenu insuffisant. De plus elle ne répondait plus aux normes d'isolation. Elle est donc maintenant désaffectée et remplacée par les écoles de la Forêt et des Buissons.

L'architecture de cette école a fait l'objet d'une étude parue aux publications de la Sorbonne sous la direction de Gérard Monnier, intitulée "Le temps de l'œuvre, approches chronologiques de l'édification des bâtiments". Nous en reproduisons ci-dessous un extrait :

L'analyse d'un autre projet de construction industrialisée, celui d'écoles circulaires, nous permet de mettre en lumière le rôle que peut jouer la maîtrise d'ouvrage sur son évolution. L'exemple se révèle d'autant plus probant que l'esprit du projet se réfère exactement à la conception des remises SNCF. Le prototype, conçu en collaboration avec l'architecte Robert Camelot, se présente en effet sous l'aspect d'une petite rotonde, c'est-à-dire d'un édifice annulaire couvert d'un voile mince torique de béton armé et dont les façades sont constituées de trumeaux plissés (coques minces à section en V) et autres éléments standards préfabriqués (1).

ecole ronde 1
Prototype d'école circulaire (1949)
Bernard Laffaille, ingénieur ; Robert Camelot, architecte.
Ecorché perspectif du projet décrivant sa structure et sa mise en oeuvre

Comme pour les rotondes à locomotives, Laffaille élabore un prototype, un projet-matrice dont la dimension économique est intimement liée à l'organisation de sa multiplication, et donc pour ce qui concerne la problématique envisagée, à une certaine gestion du temps, des moments et des durées de l'édification. Sur la base d'un modèle économétrique complexe, l'ingénieur déduit le nombre optimum d'écoles à réaliser afin d'en réduire au maximum le coût (2). De manière extrêmement significative, alors que les principaux paramètres du modèle mathématique sont constitués par des variables (coût de la main d'œuvre, des matières premières, des investissements,...), le temps d'édification de chaque école ainsi que le temps dévolu à l'ensemble de l'opération sont fixés sous la forme de constantes. C'est dire que pour Laffaille, le temps de l'édification est un temps parfaitement minuté, rationalisé et ne souffrant aucun aléa qui risquerait de déséquilibrer le modèle abstrait qui garantit sa dimension économique.

Cette dernière repose d'autre part sur l'unicité de la maîtrise d'ouvrage (le Ministère de l'Education Nationale), sur le regroupement des achats de matières premières, ce qui suppose par ailleurs la constitution d'un unique groupement d'entreprises qui réalise les lourds investissements nécessaires à la préfabrication des éléments constructifs standardisés. Sur ces bases, Laffaille s'engage à fournir des écoles "clé en main" à prix forfaitaires.

école ronde 2
Ecole de Marolles en Brie (1950) réalisée selon le prototype breveté.
Bernard Laffaille, ingénieur ; Robert Camelot, architecte.
On distingue à gauche, le préau inclus dans l'édifice (Doc. IFA)

Le prototype, protégé par un brevet d'invention, est exécuté en 1950 à Marolles en Brie dans la commune du ministre de l'Education Nationale, André Marie (3). Mais, contrairement à ce qui a pu se passer dans le cadre d'une entreprise telle que la SNCF, le ministre ne fut pas en mesure d'imposer aux autres communes la construction du prototype de Laffaille. Les desiderata de l'ingénieur ne purent donc pas être respectés, et l'intégrité architecturale du prototype, qui reposait en grande partie sur l'organisation économique de sa production, s'étiola puisque Laffaille dut faire face à plusieurs maîtres d'ouvrage, imposant les entreprises de leur propre commune... Chaque commande, chaque confrontation à un nouveau maître d'ouvrage et à de nouvelles entreprises fournit l'occasion de reconsidérer le projet afin de l'adapter aux conditions spécifiques qu'elles imposent.

école ronde 3
Ecole de Barentin (1951)
Bernard Laffaille, ingénieur ; Robert Camelot, architecte.
Première évolution du prototype breveté : la voûte en voile torique de béton armé
est remplacée par une charpente en bois, plus économique (Doc. DR)

En raison de la multiplicité de la maîtrise d'ouvrage, le temps agit clairement contre l'intégrité de la matrice projectuelle qui perd au fil des commandes ses qualités architecturales initiales. Dans ces conditions, le temps de la commande et celui de l'édification revêtent une dimension négative, destructrice vis-à-vis du projet d'origine qui prévoyait, selon le modèle économétrique de l'ingénieur, l'exécution de 240 écoles en deux ans. Le programme complet se déroula en fait sur 9 ans, de 1949 à 1958, et vit la réalisation de 17 bâtiments seulement.

école ronde 4
Ecole de Barentin (1951)
Bernard Laffaille, ingénieur ; Robert Camelot, architecte.
Deuxième prototype d'école ronde(Doc. DR)


(1) Bien que Camelot soit intervenu dans la conception du prototype, c'est Laffaille qui en fait dirige et gère toute l'opération. Le projet est présenté, notamment, dans l'Architecture d'aujourd'hui, n°53, avril 1954, p. 44-45.
(2) Laffaille a présenté sa méthode économétrique dans l'Architecture d'aujourd'hui, n°37, octobre 1951, p. 19-23. Cette méthode, que l'ingénieur nomme "modèles mathématiques dimensionnels", est très générale et peut s'appliquer aussi bien à la conception architecturale qu'à l'organisation de la mise en oeuvre et même à tous les domaines de la conception et de la production de biens et de services.
(3) L'information délivrée par ce lien, selon laquelle André Marie a été maire de Barentin de 1945 à 1974, est contradictoire avec l'étude reproduite ici, qui expose qu'en 1950 il résidait à Marolles en Brie. L'internaute fera la part des choses... (note du webmaster)